LA SAGA DES FLAMANTS

L'histoire :

A l’issue du conflit mondial, l’Armée de l’Air ne disposait que d’Avro Anson et de Gaudron Goéland vieillissants pour assurer ses missions de transports léger et de liaison. Pendant un temps, et dans l’attente de la sortie d’usine des premiers exemplaires de l’appareil retenu à l’issue du concours ouvert par l’état major en 1946, les avions Martinet de type NC 701 et 702, fabriqués par la SNCAC, rendirent d’inestimables services.

Connu sous le nom de Marcel Bloch avant sa captivité en Allemagne nazie, Marcel Dassault reprit en avril 1945 le projet de l’ingénieur Paul DEPLANTE pour un bimoteur de transport léger.

Le bimoteur de liaison moderne, choisi à l’issue du concours (face au SO.94 de la SNCASO), fut le Dassault MD-303 dont les dérivés MD-315, 312 et 311 firent une très longue carrière dans l’Armée de l’Air. Le MD-303 a effectué son vol inaugural le 10 février 1947 avec aux commandes Rozanoff, Brian et Dillaire. Cet appareil était motorisé par des Béarn de 440 CV.

Commandé à 136 exemplaires (N°1 à 136), le MD-315 Flamant I  correspond au besoin exprimé par l’Armée de l’Air pour un avion de faible tonnage, apte à remplir des missions de police, reconnaissance photo, liaison et transport (dont les EVASAN : Evacuation Sanitaire)

Le MD-315 N°1, tête de série, est réceptionné par l’Armée de l’Air le 27 février 1949 et livré au CEAM (Centre d’Expérimentation Aérienne Militaire) de Mont de Marsan en avril. Les trois appareils suivants quittent les chaînes de production avant la fin de l’année et en 1950 une fabrication totale de 36 machines de ce type est enregistrée. Les premiers appareils sont destinés principalement à des formations d’outre-mer opérant en Afrique (Congo, Madagascar et Tunisie) et c’est un Groupe de reconnaissance, le 1/33 à l’époque de retour d’Allemagne et sans matériel aérien, qui réceptionne ces exemplaires initiaux tout en étant chargé de la transformation des premiers équipages à Cognac.

L’unité choisie pour mettre en œuvre les premiers Flamant de l’Armée de l’Air est l’Escadrille d’outre-mer 84, stationnée sur la BA 173 de Pointe-Noire au Congo. A la suite de leur période d’entraînement au sein du 1/33 et après avoir réceptionné leurs équipages de l’EOM 84, les MD-315 arrivent sur place en octobre 1950. les EOM 83, 81, 85 et 86  ainsi que les Groupes de Liaisons Aériennes 48 et 49 suivent un cycle identique, la mission du 1/33 se terminant en 1952 lorsque la 33e Escadre de Reconnaissance s’équipera de F-84 Thunderjet.

Dans l’attente des MD-312 et 311, des unités de métropole reçoivent des MD-315. C’est tout d’abord le GLAM en juin 1951 puis l’ETPBM d’Avord qui transforme les pilotes sur bimoteurs et enfin le CIET de Toulouse ou sont instruits les équipages de transport.

En 1951, 80 Flamant I sont construits en compagnie de 5 premiers MD-312 Flamant II d’une commande portant sur 117 exemplaires (N°137 à 253). Le MD-312 est un appareil d’entraînement au pilotage ; il sert aussi aux liaisons et aux EVASAN. La même année voit également la sortie du premier MD-311 Flamant III de série sur une commande de 40 unités (N°254 à 293). Le MD-311 est un avion à nez vitré qui sert à l’entraînement à la navigation et au bombardement.

Les premiers Flamant II sont affectés au CEAM, au GLAM et à l’Ecole de l’Aviation de Transport d’Avord tandis que l’unique MD-311 prend la direction de Mont-de-Marsan.

La production de 1952 est de 89 appareils, soit 16 MD-315 qui représentent la fin de la commande de 136 unités, 61 appareils MD-312 et 6 MD-311.

En 1953, les chaînes ne produisent que 50 avions MD-312, 33 MD-311 soit un total de 83 machines. Il ne manque plus qu’un appareil de type 312 et ce dernier est livré en 1954.

Les MD-311 produits en 1952 sont dirigés sur le CEAM et le CIET ; ceux sortis des chaînes de 1953  servent à compléter la dotation du CEAM et à équiper l’ETPBM. Les autres vont à Salon de Provence et dans des EOM.

En dehors des unités d’Afrique Noire, les flamants ont évolué en métropole. Signalons tout de même les MD-315 Radar, des appareils modifiés en vue de l’entraînement spécifique des navigateurs de Météor puis de Vautour IIN  et qui furent utilisés à partir de fin 1953 par la 30e Escadre de Chasse de Nuit à Tours puis par d’autres unités.

Fin 1963, des Flamant I, II et III sont affectés aux escadres de chasse, de reconnaissance et de bombardement ainsi qu’à un certain nombre de bases aériennes.
Ce sont les dernières unités à utiliser des Flamant en compagnie des Groupements Ecole : GE 314, 316 et 319.

Le « macaronnage » de la dernière promotion d’élèves pilotes de transport, formée sur Flamant eut lieu en décembre 1983 à Avord. Cette cérémonie marquait également la fin de la vie active du Flamant sous les couleurs de l’Armée de l’Air après plus de 30 années d’utilisation. L’Embraer Xingu, un autre bimoteur (originaire du Brésil) allait remplacer ce vieux serviteur.

 

Le Flamant est livré en 4 versions ayant une numérotation commune de production qui sont dans l'ordre chronologique :

MD-315 pour la police coloniale ( n° 1 à 136)
MD-312 avec double commandes pour la liaison et l'école de pilotage (n° 137 à 253)
MD-311 à nez vitré pour l'entraînement au bombardement et à la navigation (n° 254 à 293)
MD-312 M pour les liaisons aéronavales (n° 294 à 318)